Une longue tradition
Une tradition plus que séculaire (premières attestation : 1459 !) est respectée à Malmedy durant les trois jours de carnaval précédant le mardi gras.
Durant les jeudis précédents ( » les p’tites haguètes « ) certains « petits rôles » vont de cafés en tavernes « lawer » (se moquer gentiment) des clients.
Pendant les deux ou trois mois avant le carnaval, les sociétés musicales répètent les nouvelles marches, écrites en fonction du thème choisi, les couturières confectionnent de nouveaux costumes et les deux chorales d’hommes préparent leurs comédies satiriques (les Rôles), narrant les mésaventures des malmédiens qui seront présentées sur des scènes ambulantes le lundi après-midi.
Le samedi du carnaval, la « Grosse Police » annonce l’arrivée du carnaval et le Bourgmestre remet ses pouvoirs au « Trouv’lê« . Le dimanche, c’est le grand cortège où l’on pourra admirer plus de 2000 travestis représentant les masques traditionnels du « Cwarmê ». C’est un carnaval de rues décidément pas comme les autres où les spectateurs sont très souvent pris à partie.
Le lundi, jour des « rôles », s’adresse avant tout aux malmédiens et, le mardi gras, on procède au « Brûlage de la Haguète« , marquant la fin des festivités.
Il est à noter que toutes les manifestations du Cwarmê se déroulent en un wallon savoureux, langage auquel les malmédiens sont plus que jamais attachés.
Il est à noter que l’originalité du Cwarmê ne se situe pas qu’au point de vue visuel. Un aspect absolument particulier qui frappera et étonnera le visiteur qui vivra le Cwarmê pour la première fois est la spécificité absolue de sa musique : Carnaval de Malmedy – L’ambiance
Les masques traditionnels
Lu Trouv’lê
Costume
Il porte un pantalon et une veste en velours rouge vif avec l’aigle bicéphale sur le dos de celle-ci, une ceinture blanche en satin frangée d’or, un haut de forme noir bordé de velours rouge, frangé et piqué d’un brin de buis, des gants blancs et un trouv’lê qui est une pelle à grains de brasseur.
Rôle
Il représente le pouvoir durant les quatre jours du Cwarmê. Son trouv’lê, reçu des mains du Mayeûr (bourgmestre) lors de la cérémonie d’ouverture, symbolise son autorité.
Lu Grosse Police
Costume
Elle porte un pantalon blanc, un sarrau bleu brodé, un foulard rouge à pois blancs attaché par une boîte d’allumettes, des gants blancs, un bicorne noir avec une cocarde, un sabre en bandoulière et un clabot (cloche à main). Son costume rappelle la période française de notre histoire.
Rôle
Elle annonce l’ouverture du carnaval à la population le samedi matin aux différents coins de la ville en agitant son clabot.
Lu Djoupsène
Costume
Elle porte un pantalon blanc, un drap blanc recouvrant sa tête et ses bras qui sont enserrés à la taille par une cordelière blanche et un masque avec un long nez crochu.
Rôle
Autrefois, cette tenue lui permettait d’aller voler de la nourriture dans les maisons. Vu les excès engendrés, le masque a été interdit. Depuis les années 1920, le Cwarmê en a fait réapparaître deux qui ont toujours les mains liées et sont obligées de marcher à côté du Trouv’lê. Elles ne sortent que le samedi.
Lu Vèheû
Costume
Il porte un pantalon ¾ en velours orné de bouillonné, des bas blancs, une chemise blanche, un nœud de cravate de velours noir, un boléro en velours avec des manches longues ornées de bouillonné, un bonnet polonais en velours orné de bouillonné et garni de grelots, une bandoulière de cuir avec 7 grelots, un fouet terminé par une vessie de porc. Les dames portent une jupe droite à mi genoux en velours ornée de bouillonné.
Rôle
Autrefois, une ancienne coutume villageoise voulait que la jeunesse traque le Vèheû (putois). Celui-ci s’introduisait dans les maisons pour y dérober des victuailles, poursuivi par une bande de chasseurs déterminés à l’attraper.
Aujourd’hui, la tradition a évolué, le Vêheû courre sans cesse et frappe gentiment les spectateurs avec une vessie de porc au bout d’un fouet. L’animal chassé est devenu chasseur et a pris son nom.
Lu Haguète
Costume
Elle porte un pantalon (ou une jupe) et une veste en velours de même couleur, ornés de bouillonné avec l’aigle bicéphale au dos, une ceinture en satin frangée d’or, un bicorne surmonté de plumes d’autruche colorées, une cagoule frangée et un hape-tchâr.
Rôle
Armée de son hape-tchâr (happe-chair), la Haguète saisit les spectateurs à la cheville, leur demandant de mettre un genou à terre et exige le « pardon » en faisant répéter à la victime « Pardon Haguète, a l’cawe do ramon, dju nu l’frès jamês pus ! ».
Lu Sotê
Costume
Il porte un pantalon blanc ou à petits carreaux, un frac coloré dont les manches allongées contiennent de longs bras aux mains gantées de blanc, un immense chapeau haut de forme coloré, jusqu’aux hanches, surmontant un visage farceur et barbu situé au milieu du corps.
Rôle
Il représente un nain de légende qui habitait les grottes à Bévercé.
Il sautille sans cesse, avec ses longs bras, il taquine les spectateurs.
Lu Sâvadje-Cayèt
Costume
Il porte un collant et un sous-pull noirs, une cotte composée de cayèts colorés ou unis dorés ou argentés (cayèt = éclat de bois qui tombait de la hache du bûcheron), un visage noir, des gants noirs, une perruque noire bouclée, un diadème avec des plumes colorées, des colliers, bracelets et boucles d’oreille, ainsi qu’une massue en mousse.
Rôle
La cotte est composée de cayèts qui s’entrechoquent au moindre mouvement. Il est équipé d’une massue en mousse et décoiffe gentiment la tête des spectateurs.
Lu Sâvadje d’Amêrique
Costume
Il porte un collant et un maillot de couleur chair ou blanc, un boléro et une petite jupe ourlés de cygne blanc, une ceinture blanche en satin frangée, des bracelets et colliers, des rubans entrecroisés sur les mollets, un loup (à bavette ou non), une perruque noire lisse, un diadème avec des plumes colorées, un arc, un carquois et des flèches.
Rôle
Il consiste à faire courir une spectatrice en la tenant par la main qui sera ensuite ramenée à son point de départ et saluée avec élégance.
Lu Hârlikin ou Hârlikène
Costume
Hârlikin : costume composé de tissu à losanges multicolores ou en velours orné de bouillonné avec 2 pointes terminées par des grelots, il porte aussi des grelots aux poignets et aux chevilles, une collerette blanche, une ceinture triangulaire, un loup (souvent avec une moustache), une coiffe noire, un chapeau de feutre style bicorne, une queue de renard et un sabre.
Hârlikène : costume composé d’un collant blanc, une jupe de tulle blanc soutenue par un jupon, une veste en velours avec 2 pointes terminées par des grelots, des grelots aux poignets, une collerette, une ceinture triangulaire, une coiffe, un chapeau de feutre style bicorne, un loup et une queue de renard.
Rôle
Masque inspiré de la Comédia dell’Arte.
Il chatouille le visage des spectateurs avec la queue de renard attachée à son bicorne.
L’usage ancien veut que les Hârlikins se livrent à un duel orchestré de gestes habiles et gracieux pour les yeux d’une belle.
Lu Pièrot ou Pièrète
Costume
Pièrot : il porte un pantalon blanc large et une veste ample en pilou blanc ornés d’un galon et de grands boutons noirs, un bonnet conique orné de boutons noirs, une collerette, un sac blanc en bandoulière (pour les noix) et un panier en osier (pour les oranges).
Pièrète : elle porte soit la même tenue que le Pièrot, le pantalon étant remplacé par une jupe large en pilou blanc ornée d’un galon, soit une jupe à volants en tulle noir, une veste courte de velours blanc, une collerette noire bordée de blanc, un chapeau rond noir, un panier en osier blanc bordé de noir.
Rôle
Masque également inspiré de la Comédia dell’Arte.
Il distribue des noix et des oranges au public qui lui crie « Pôve Pièrot ki n’a pus dès djèyes ! ».
Lu Long-Né
Costume
Il porte un pantalon blanc, un sarrau bleu brodé, un foulard rouge à pois blancs attaché par une boîte d’allumettes, un bonnet de meunier ligné rouge et blanc (ou bleu et blanc), des gants blancs, un masque en papier mâché au long nez rouge et une pipe.
Rôle
Par groupes de 6 à 8 Longs-Nés qui se suivent à la queue leu leu, ils choisissent une victime qu’ils suivent et dont ils imitent tous les faits et gestes. Quand la victime en a assez, elle amène les Longs-Nés dans un café et ils lui offrent un verre. Libre à la personne de payer un verre en retour.
Lu Longuès-Brèsses
Costume
Il porte un frac coloré avec de gros boutons dont les manches allongées contiennent de longs bras, un gilet uni, une chemise blanche, un pantalon blanc, dont le bord est du même tissu que le frac, avec de gros boutons sur le bas extérieur du pantalon, un col blanc, un grand nœud papillon, un petit haut de forme garni d’une plume de paon et d’une cagoule customisée (ou un visage maquillé).
Rôle
Avec ses longs bras, il s’amuse à décoiffer les spectateurs ou à mettre le chapeau d’un spectateur sur la tête d’un autre.
Lu Long-Ramon
Costume
Il porte un frac coloré avec de gros boutons, un gilet uni, une chemise blanche, un pantalon blanc, dont le bord est du même tissu que le frac, avec de gros boutons sur le bas extérieur du pantalon, un col blanc, un grand nœud papillon, un petit haut de forme garni d’une plume de paon, une perruque rousse et un long ramon (grande perche terminée par un bouquet de genêts).
Rôle
Il marche en feignant l’indifférence et utilise son ramon pour décoiffer les spectateurs, faire tomber les chapeaux ou atteindre les fenêtres des étages pour y surprendre les habitants.
Lu Boldjî
Costume
Il porte un pantalon blanc, une veste blanche à col officier blanc, un tablier blanc, un foulard blanc noué au cou, une toque blanche, des bretzels cousus (un sur la toque, un dans le dos, un sur chaque épaule, un sur la bavette du tablier, un au niveau de chaque genou sur le tablier), il a de grosses joues, un gros ventre et porte une panûle.
Rôle
Avec sa panûle, il tâte et soupèse le postérieur des spectatrices en assimilant malicieusement celui-ci à sa fournée avec des phrases en wallon (bin cût, bin lèvé, …).
Lu Cwapî
Costume
Il porte un pantalon à carreaux ou uni, une chemise à carreaux, un tablier bleu, un foulard rouge à pois blanc attaché par une boîte d’allumettes, un gros nez avec une moustache, une perruque rousse, un tabouret, un crayon, un calepin, un mètre ruban, éventuellement une paire d’embauchoirs autour du cou et une valise avec des chaussures.
Rôle
Pour faire ce rôle, il faut savoir parler le wallon.
Ils prennent un spectateur qu’ils font asseoir sur leur tabouret, prennent des mesures afin de leur confectionner de nouvelles chaussures, essaient les nouvelles chaussures au pied de la personne et s’en vont en la laissant avec leur nouvelle acquisition. Tout cela en wallon, bien évidemment.
Les interventions des masqués se font avec gentillesse et respect vis-à-vis des spectateurs qui sont conviés à participer. La plupart des masques ne touchent les personnes qu’au moyen d’un attribut.
Lu Trouv’lê, la Grosse Police et les Djoupsènes sont des masques réservés à la Royale Malmédienne.
La salade russe
Un seul plat unique qui se prépare à l’avance, voici la maîtresse de maison débarrassée de soucis culinaires pour les jours de fête ! Il se mange froid : seul, entre amis, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit et possède la particularité de remettre l’estomac et l’esprit d’aplomb !
Recette pour 6 harengs
Les proportions sont assez vagues. C’est l’œil averti qui rectifie ! Et puis, il faut garder un peu le secret de fabrication, n’est-ce pas ?
6 harengs bien fermes, 1 grand verre de betteraves rouges (du jardin si possible) dans leur jus, 1 céleri rave, 3 beaux oignons, 1 plat de pommes de terre, 1 belle pomme, 6 œufs durs, 750 g de bouilli, 500 de rôti de porc, 1 tasse d’huile, 1 verre d’oignons blancs au vinaigre, 1 verre de cornichons, quelques noix éventuellement.
- préparer un bon bouillon de légumes (carottes, céleri, pommes de terre, poireaux, bouquet garni…) pour cuire le bouilli jusqu’à ce qu’il soit bien tendre,
- rôtir le morceau de porc en casserole à votre goût,
- cuire les pommes de terre épluchées, le céleri et les œufs,
- laisser tout refroidir,
- hacher les oignons et les cornichons égouttés, la pomme, le céleri cuit, la moitié des betteraves, les oignons vinaigrés des harengs; écraser les cerneaux de noix,
- détailler en très petits dés : les deux sortes de viandes, les harengs débarrassés de leur arête, l’autre moitié des betteraves, les œufs durs, les pommes de terre, garder pour la garniture des plats : tranches d’œufs durs et de betteraves, petits oignons et cornichons,
- Mélanger le tout dans une bassine, saler et poivrer à volonté.
- Ajouter le jus des betteraves en fonction de la coloration.
- Laisser reposer un à deux jours au frais, recouvert d’un linge.
Disposer la salade russe dans les plats, en les garnissant avec les œufs durs, les oignons, les cornichons coupés en deux sur la longueur…
On peut accompagner ce mets de tranches de pis (do pé) ou d’andouille (dol landouye), panse de vache farcie à l’ancienne.
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